Ulrich Von Lichtenstein

Publié le par JC

Ulrich  Von  Lichtenstein

 
 

 

 

                                              
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Fabuleusement interprété par Heath Ledger dans le film Chevalier, (Titre original: A Knight's Tale, 2001) Ulrich Von Lichtenstein n'est pas un personnage imaginaire. Alors clin d'oeil de Brian Helgeland aux amateurs de « sports » médiévaux  ou réelle référence historique ?
 
Petit résumé du film (pour ceux qui ne l'ont pas vu ou un peu oublié).
 
William Tacher, fils de couvreur anglais, donc roturier, tente d'appliquer les conseils de son père : « changer son étoile ». Alors écuyer du seigneur Sir Hector, quand ce dernier vient à mourir malencontreusement lors d'un pas d'armes (le pas d'armes est la désignation du tournoi au XV e siècle. L'action doit se situer au XV e car la barrière qui se situe au centre, entre les deux jouteurs, le long de laquelle ils s'élancent pour s'affronter n'apparait qu'au XV e siècle), William voit là l'occasion parfaite de changer sa destinée en prônant les vertus d'une aristocratie guerrière du X e et XI e siècle : la noblesse de coeur par la vaillance et la bravoure. Enfin c'est ce qu'il va tenter de faire par l'intermédiaire de ces « tournois », merveilleux points de rencontre de toute la chevalerie européenne (même en temps de guerre, les chevaliers s'affrontent « courtoisement » et le tournoi de Saint Inglevert en 1390 par exemple voit des joutes s'effectuer entre anglais et français en pleine guerre de cent ans).
 
Quoi qu'il en soit, le but de cet article est de donner une esquisse de la véritable vie d'Ulrich Von Lichtenstein, dont les exploits, réels, sont à la hauteur de ceux du William Tacher fictif.
 
Ulrich Von Lichtenstein est né en 1200 à Murau (localité située aujourd'hui en Autriche). Comme tout aristocrate de son temps, il reçoit une éducation caractéristique de l'ordre des bellatores. Il doit donc apprendre l'usage des armes le plus tôt possible : dès l'âge de huit ans, les jeunes aristocrates s'entraînent à chasser le sanglier et le cerf et même l'ours. Futurs caballarius, ces apprentis doivent savoir monter à cheval dès l'âge de 12 ans. Ils participent également à des compétitions sportives et sont initiés aux règles de courtoisie, de déférence, de respect envers un supérieur, etc... Enfin, le propos n'est pas ici de faire la synthèse de l'éducation nobiliaire du XV e siècle, donc revenons à Ulrich Von Lichtenstein. Cependant l'éducation et toutes les valeurs chevaleresques et courtoises qui sont drainées par ces différents apprentissages seront évoquées dans un prochain article, l'intérêt étant de montrer la transmission d'une culture bien particulière, tout ceci illustré par des petits exploits comme le saut périlleux en arrière effectué par Boucicaut, en armure complète et sans élan...
 
Donc après un apprentissage convenable, en tant que page notamment au service d'une Dame dont il se révéra toute sa vie, et en tant qu'écuyer de 1215 à 1219 au service du margrave Heinrich d'Autriche, Ulrich fut fait chevalier par Léopold VI en 1223.  Puis il s'engagea dans la politique : ce leader de la noblesse styrienne joua un grand rôle dans les préparations de l'accession au trône des Habsbourg. Il voyagea à travers l'Europe, parfois déguisé, pour prendre part à de nombreux tournois qu'il remporta vaillamment, mais également pour calmer la dispute entre l'archevêque Egbert Von Bamberg et le margrave Heinrich d'Autriche (probablement  une éternelle dispute auctoritas /potestas). Sa personnalité est imprégnée de l'idéal chevaleresque de l'époque, un héros tout droit issu de la littérature arthurienne, et dont le célèbre Jean Froissart a très bien pu prendre plaisir à rapporter ses hauts-faits. Ulrich meurt en 1278 et est enterré à Seckau. Ce seigneur du Lichtenstein possédait un château à Murau et un autre près d'Unzmarkt.
 
Il faut noter la complémentarité de ce personnage qui ne se contenta pas d'être une brute aux muscles saillants, gagnant tournois après tournois. Chevalier lettré, il s'essaya à la poésie. En 1255, il termina son roman, Frauendienst (Le service des dames) qui est à la fois autobiographique et fictionnel. Cette source reste néanmoins une mine d'informations sur la chevalerie germanique du XIII e siècle. Ce roman contient 58 « chansons d'amours », Ulrich étant un « minnesinger ». Il y relate son voyage de Venise à Vienne, en l'honneur de Venus ( déesse de l'amour, référence à l'amour courtois) et jouta contre de nombreux chevaliers, en l'honneur de sa dame (« je gagnerai ce tournoi pour vous »). Ici, on peut donc voir que Brian Helgeland a fait un deuxième clin d'oeil aux amateurs d'histoire : Jocelyne, fidèle aux principes édictés par l'amour courtois, demande plus que une simple victoire pour que Ulrich lui prouve son amour. Elle lui demande de perdre, chose inconcevable pour un grand jouteur. Et la chère et tendre d'Ulrich, dans la réalité, lui demanda également davantage que de gagner un tournoi pour elle, comme par exemple se laisser malmener. Cependant, il brisa 307 lances et gagna tous ses combats.
 
 
Je pense qu'il faut voir dans ce film Chevalier, non pas une réelle reconstitution historique, car malgré une bande sonore fort adaptée à ce film ( Queen, par exemple), il n'en reste pas moins qu'il n'y a pas eu de superposition William Tacher/Ulrich Von Lichtenstein. En effet, les exemples des roturiers qui changent leur étoile de cette manière sont rares au Moyen Age. La société a adopté une répartition tripartite depuis le X e siècle, ( Oratores/Bellatores/Laboratores), et les mouvances entre ordres sont rares car chacun se doit de rester à sa place. A noter également que le Gelderland est une province des Pays-Bas et non d'Autriche. Les joutes quant-à elles se déroulent à priori au XV e siècle, Ulrich est du XIII e. Cela dit ce dernier argument est contestable, car un héraut ou un ménestrel aurait très bien pu colporter au fond d'une taverne londonienne  une veille légende d'un preux chevalier nommé Ulrich Von Lichtenstein et qui fut inconnu à une noblesse du XV e siècle un peu trop narcissique et qui a parfois oublié le sens de « chevalerie ».
 
Cependant il faut voir dans ce film merveilleux une véritable approche du monde de la chevalerie et des tournois, un de ces films qui donne une envie irrémédiable d'être acteur de ce monde parfois si « féérique ».
 

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C
Non mais ca va pas, non , parler de nécrophile!! beurk, répugnant!!en revanche, article bien sympatique, bien construit!!les photos qui viennent appuyer cet article, sont... attrayantes, oui, c'est ça, c'est le mot!!et Bathory qui est-ce? oh, juste une cinglée qui vidait des jeunes filles comme des truies...Mais bon, il faut de tout ...
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S
on sait jamais ! les nécrophiles ça existe ! faut être prudent !!! lol !
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J
Jalouse Sarah, mais bon ca va elle est morte depuis plusieurs centaines d'année...
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S
Mouai ... Bof !
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J
Erzebeth Bathory est une personne tout a fait particulière, une comtesse sanglante de Transylvanie<br /> Mais je n'en dis pas plus, à part qu'elle sera l'objet d'étude de mon doctorat ( enfin je l'éspère) et que pour l'époque elle était relativement jolie
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